0, Le Plongeon - histoire complète

Victor LORENZO PINEL

Bamboo

  • Conseillé par (Le Biglemoi)
    30 avril 2021

    Au travers d'Yvonne, découvrez les envies et inquiétudes d'une octogénaire intégrant l'EHPAD. Un récit humoristique et humanisant qui fait réfléchir sur les conditions de vie en EHPAD et prouve qu'être âgé ne signifie pas que la fête doit cesser !


  • Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
    8 février 2021

    " Un EHPAD, des fesses, de l'amour et des rides"

    « Un EHPAD, des fesses, de l’amour et des rides » résume magnifiquement la quatrième de couverture. Une BD subtile, douce, tendre, violente sur un sujet majeur de société.

    Et si cela ressemblait à une chute, la vieillesse? Une longue et inexorable chute. Un plongeon qui vous mène tout au fond, là où la lumière s’éteint. Là où les corps mollissent, s’affaissent. Là ou les prénoms s’échappent et s’enfuient dans le noir. L’obscurité encore et toujours. Cette chute, Yvonne qui a quatre vingts ans, la rêve, surtout depuis la mort de Henri, son mari, son homme, son amant. Alors passer du banc au salon, du salon au banc, ne la passionne plus, elle tombe dans ses souvenirs, son passé, son bonheur. Il faut prendre une décision, vendre sa maison et aller ailleurs, aller là où les grilles vous protègent, là dans cet immeuble qui porte un joli nom, « Les Mimosas ». Aller en EHPAD.

    Cet univers clos régi par des règles strictes où se côtoient l’octogénaire encore plein de vie et la personne délirante, Séverine Vidal, le connait bien notamment grâce aux ateliers d’écriture qu’elle anime dans ces établissements. On va donc suivre Yvonne dans ces couloirs nouveaux, cette chambre « couleur mort, on dirait qu’ils le font exprès », ce réfectoire lieu des rencontres et où les mots des autres vous infantilisent. Ce n’est pourtant pas un « reportage en immersion » car les deux auteurs apportent par leur talent autre chose que la description des faits: une haute dose d’humanité. La main sur un genou, un frôlement d’épaule, un sourire, éclairent des cases magnifiques dans des pages muettes emplies de tendresse, qui donnent le rythme à la lecture, et laissent le temps de la réflexion et de l’émotion. Victor L Pinel par ses cadrages, sa capacité à dessiner des corps pleins « de beaux volumes » mais « où y’a tout à refaire », nous invite à imaginer notre propre vieillesse, à voir de plus près celle de nos proches, de nos parents. Victor L Pinel incarne magnifiquement cette bonté par un trait simple mais profondément juste et humain, comme quand deux filets de larmes coulent lentement sur le bord des lèvres. Sans montrer les yeux.

    L’univers de l’Ehpad est régi comme une école maternelle, il est possible pourtant parfois de le contourner sous le regard bienveillant de Youssef, membre du personnel qui ferme les yeux, en les gardant ouverts, sur une nuit passée dans une autre chambre que la sienne, sur une escapade où l’on se déshabille de sa vieillesse. Par petites touches le quotidien est décrit à la perfection: visite attendue du petit fils, visites amicales ou familiales comptées, minutées, espérées, déçues, commentées, activité collectives, de celles que rejettent Jean Louis Trintignant dans son EHPAD de luxe dans le film de Lelouch « Un Homme et une Femme: vingt ans après », et les souvenirs sans cesse revenus à la surface que ravivent des albums photos, la douceur d’une caresse. les frites au goûter des petits enfants.

    Même si le registre n’est pas celui des « Vieux Fourneaux », l’humour est présent. Il évite le pathos et tend devant nos yeux un voile de tendresse, car à sa manière Yvonne va se révolter, partir en guerre et lutter contre la mort qui vient. Elle va plonger mais dans une eau claire où elle ne sera pas seule. Elle nous éclabousse au passage, projetant quelques gouttes sur notre visage. Sous nos sourcils. Sous nos paupières. Sous nos yeux.

    Eric