La vie sur le fil

Aline Kiner

Liana Levi

  • 30 juillet 2014

    Aline Kiner a écrit un premier livre Le jeu du pendu, roman policier couronné de succès. Dans La vie sur le fil, le registre est différent mais la tension dramatique est bien présente. L'ambiance du roman est délicate et le portrait de chacun des personnages donne à l'ensemble du texte une belle densité.

    On découvre Marc qui peu de temps après la mort de sa mère s'installe dans une caravane dans la Drôme. Diego le gitan lui apporte la quiétude et peuple son quotidien d'une nouvelle passion artisanale.

    Puis on rencontre Gabriel, parti en Égypte pour réaliser un reportage photographique.

    Un personnage lunaire, central, Eva redonne vie à des êtres d'une autre époque en façonnant leur visage à l'identique. Elle a le pouvoir de redonner vie, elle qui semble la perdre. Eva attend des résultats, un peu à la manière de Cléo personnage du film d'Agnès Varda...Les résultats importent moins que le temps de l'attente. Eva occupe ses journées en ville, à la terrasse d'un café quand la sonnerie d'une cabine téléphonique à heures régulières va perturber son quotidien. Au bout du fil Gabriel, depuis l’Égypte. L'histoire de l’Égypte divulguée par petites brides comme un sort funeste, celui du hors champ. La vie et la mort intrinsèquement liées dans les sarcophages d’Égypte comme métaphores des peurs et angoisses de Marc et Eva.

    Trois vies bouleversées par cet appel répétitif dans la vie suspendue d'Eva. Eva parle à un fantôme à l'autre bout du monde et se bat contre un ennemi invisible.

    Les mots tricotent parfois des pelotes grises, mais sous la plume d'Aline Kiner les mots sont délicieux.