JE VOUS ECRIS DANS LE NOIR ete 2015

Jean-Luc Seigle

Flammarion

  • Conseillé par
    26 août 2015

    crime, justice

    J’appréhendais d’ouvrir ce livre et de lire ce texte. Le titre, sans doute. Le sujet, aussi.
    Je ne connaissais pas cette « affaire » ni le film avec Brigitte Bardot. Tant mieux. L’auteur nous fait découvrir, au contraire de tous les autres hommes qui s’acharneront contre elle, une femme de cœur, une fille obéissante et une femme amoureuse bafouée deux fois.
    Quel destin tragique que celui de Pauline, émancipée avant l’heure et à la mauvaise époque : la voilà tondue puis jugée au vue de son passée douloureux et de ce qu’elle ne veut pas dire.
    Mais ce qui pousse avant tout Pauline, ce qu’elle cherche et ne trouve jamais, c’est l’amour. Celui de son père d’abord, puis celui des autres hommes. Elle ne trouve que de la jouissance furtive. Et cela la tue.
    Mais comment avouer la vérité à ceux qui ne pourront pas l’entendre ? Même Simone de Beauvoir est restée muette. La seconde guerre mondiale a fait des ravages dans les cœurs et les consciences.
    Vous l’aurez compris, ce texte ne m’a pas laissé indifférente et j’ai noté pleins de très beaux passages.
    Citations :
    « Le mot cellule désignait aussi l’origine de la vie. C’est donc en moi, durant ces interminables années d’incarcération, que j’ai appris à trouver l’espace et l’air indispensable à mon équilibre, même si cela s’apparentait parfois à une forme de vide intérieur, nécessaire. » (p.23)
    « Je n’avais pas encore compris que ce n’était pas l’amour, ni la sexualité qui faisait une femme mais sa prodigieuse capacité à affronter et à transformer la vie comme aucun homme ne serait capable de le faire. » (p.33)
    « C’étaient les mots que je voulais tuer, les mots qui salissent et qui blessent. » (p.129)

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/08/22/je-vous-ecris-dans-le-noir-jean-luc-seigle


  • Conseillé par
    6 mars 2015

    La vérité sur Pauline

    Ce fut le fait divers le plus marquant des années 50 : Pauline Dubuisson, 24 ans, tua son jeune amant avant de tenter de mettre fin à ses jours. S’ensuivit un procès retentissant qui inspira le cinéaste Henri-Georges Clouzot. Il réalisa un film « La vérité », avec la somptueuse Bardot et dès lors, on n’imagina plus Pauline que sous les traits de la star. La vérité, la vraie, est toute autre. C’est ce que Jean-Luc Seigle, avec un réalisme effrayant, raconte à la première personne dans cet admirable roman.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par (Vauban)
    19 février 2015

    Je vous écris dans le noir

    Voici l'histoire de la vie d'une femme bien souvent méprisée, insultée, trahie.
    Sa vie est une épopée à la recherche d'elle même, de ses ambitions et de son bonheur sans cesse repoussé ou arraché par la société, la justice et son statut même de femme.
    Une personnalité remise dans son contexte socio culturel, une histoire à découvrir en mettant de côté les à priori.
    Daïdrée.A


  • Conseillé par
    30 janvier 2015

    1953, Pauline Dubuisson vingt-quatre ans est la première femme à être condamnée à la peine de mort pour avoir tué son ex-fiancé, étudiant en médecine comme elle, trois ans plus tôt. Une affaire judiciaire qui a inspiré à Clouzot le film "La vérité "avec comme interprète Brigitte Bardot. Libérée après neuf années de prison et portant désormais un autre nom, elle va voir le film avec l'espoir "que la vérité justement serait enfin entendue, non pas la vérité qui disculpe, mais celle qui ne condamne pas toujours". Anéantie après la séance, elle quitte la France pour le Maroc et "c'est ici que commence le livre" de Jean-Luc Seigle.


    L'auteur se glisse dans la peau de Pauline Dubuisson et lui donne la parole. Il revient sur l'enfance de cette benjamine d'une fratrie de quatre enfants et seule fille qui vénère son père. Un père qui se suicidera le lendemain de son arrestation. Arrive la fin de l'enfance et la Seconde Guerre mondiale : deux de ses frères sont tués, sa mère séquestrée par la douleur. Renvoyée de l'école, elle travaille à seize ans en tant qu'infirmière et apprend des aspects de la médecine dans un hôpital sous tutelle allemande. Il s'agit d'un projet initié par son père non pour sa fille mais pour son épouse.
    Alors qu'enfin elle va entamer les études dont elle rêve depuis toujours, son destin bascule une première fois en quelques jours. Elle sera battue, tondue, violée collectivement à la Libération pour avoir eu une aventure avec le médecin allemand.
    A la Faculté de Médecine elle rencontre Félix Bailly fils de bonne famille. Ils s'aiment et elle lui dit la vérité. Elle le dégoûte, il l'insulte et ne veut plus d'elle : c'en est trop pour Pauline.

    Jean-Luc Seigle sonde la relation qu'entretenait Pauline avec son père. Une figure paternelle semblable à un pivot pour Pauline qui lui obéissait et l'adorait. Mais ce père possédait une personnalité bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Et très justement, tout au long de ce livre, la modification des sentiments ou les réflexions de Pauline envers ses parents sont explorées.
    Le procès où elle s'emmure dans un silence, son crime passionnel, ses années de prison sont racontés par la voix de Pauline.
    Et il s'agit du portrait d'une jeune fille brillante, passionnée, intelligente dont la vie fut souillée à de nombreuses reprises qui nous est dépeint. Le Maroc était un pays où enfin elle pouvait espérer être tranquille mais l'amour en décidera autrement sous les traits de Jean. Au lieu de lui mentir, elle préfèrera une fois de plus la vérité et au final la mort. "Voilà. J'y suis. Je peux maintenant finir le travail du tribunal des libérateurs et me libérer. J'ai trente-quatre ans, je reconnais tous mes crimes et toutes mes erreurs, et en mon âme et conscience je me condamne à cette mort à laquelle j'avais cru échapper, surtout ces dernières années où j'ai commencé à croire à cette renaissance possible de tout. Je meurs comme dans le film."

    Un livre poignant que j'ai lu en apnée. J'ai été happée, j'ai ressenti de l'empathie, j'ai été indignée, j'ai été bousculée, j'ai voulu crier ma colère mais sans à aucun moment juger Pauline Dubuisson ...
    Une lecture dont on ne sort pas indemne !