Un long mois de septembre
EAN13
9782246107293
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français

Un long mois de septembre

Grasset

Indisponible
À soixante-dix ans, le commandant Avolo-Punta a vécu le nez sur l'instant,
réussi à n'être nulle part chez soi, à ne garder ni mariage, ni maison, ni
souci. À La Colonie, cette villa de Chevreuse vendue en viager où il campe
depuis la guerre, il plante des arbres à croissance lente comme s'il devait
vivre mille ans.

Un soir sa fille qu'il ne connaît pas, n'a jamais voulu connaître, arrive chez
lui. Delphine a vingt-neuf ans, de grands pieds et un mari qui habite Tunis.
Elle traverse ce roman plus bourré de personnages que le métro de six heures,
sans poser de question. C'est le silence confronté à l'impatience, la beauté
face à la coquetterie de ce père aimé de toutes les femmes, le sauve-qui-peut
du commandant, la vie dans cette maison de banlieue envahie de statues, les
dîners à La Colonie, les troisièmes mardis du mois. " Vient qui veut, en
général toujours les mêmes. " Mais les mêmes, devant Delphine, ne sont plus
les mêmes ; son incuriosité la mène à toutes les découvertes et l'indifférence
de son père à son égard explose en amour fou.

Curieuse passion qui tantôt s'attarde, tantôt br-le les étapes, envoyant les
convenances au tapis, faisant faire demi-tour au temps et mettant hier à la
place de demain.

En compagnie de Piccolo, un géant barbu, Delphine quitte La Colonie pour deux
jours ; deux jours qui dureront trois semaines qu'elle passera à La Mascade,
le château des Denain dans la Sarthe, où elle tombe malade. Chez ces inconnus,
Delphine découvre une forêt qui commence et ne finit pas, un domaine, de vieux
oncles, une grand-mère, toute une vie de famille rondement menée par Vitalie
Denain, une maîtresse femme qui fut naguère la maîtresse du commandant.
Vitalie délègue au compte-gouttes son autorité à Frédéric-Jean, son seul fils
après quatre filles, qui passe de la colère aux larmes, du fou rire aux
remords et se demande, à vingt-cinq ans, comment le monde est fait. Personnage
dansé, élastique, affublé d'un prénom d'archiduc, Frédéric-Jean a en commun
avec Delphine la même bonté envers la souffrance, les simples, les déchéances
de l'âge, la même pudeur. Il sait tout ce qui ne s'apprend pas et bientôt
qu'il aime Delphine.

Pourquoi le commandant rompra-t-il le charme en venant chercher sa fille à La
Mascade, en l'emmenant à Nice ? Frédéric-Jean l'y rejoint. Ils fuient d'abord
chez des amis, puis seuls dans un tour de France haletant et poétique.

Mais le destin est là qui les oblige à rentrer, à se séparer. Le commandant va
mourir et Delphine retournera à Tunis.

Ce roman est aussi le livre de la décrépitude, la chanson de geste du grand
âge. Entre le boucan de l'orchestre de singes - les enfants encore tout
étourdis par les récents événements de mai - et les radoteries des vieux,
guère de place pour les adultes. Mais les adultes existent-ils et qui sait, à
la fin d'un long mois de septembre, si le monde durera encore trois semaines ?
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