Par les liens forcés du mariage, Témoignage
EAN13
9782390093411
Éditeur
La Boîte à Pandore
Date de publication
Langue
français

Par les liens forcés du mariage

Témoignage

La Boîte à Pandore

Indisponible
Dans notre pays comme ailleurs, le mariage forcé est encore loin d'être
relégué au passé...

Des centaines de jeunes filles continuent, chaque année, tant dans notre pays
que dans d’autres, d’être liées à un homme contre leur gré au nom de la
tradition ou d’une image figée du rôle de l’épouse. Pratique très ancienne,
considérée aujourd’hui comme une atteinte aux droits humains par les Nations
unies, le mariage forcé est l’union d’une personne à une autre contre sa
volonté, le plus souvent avant l’âge de 18 ans. L’auteure de ce livre, devenue
femme politique, a elle aussi, enfant, nourri de beaux rêves, comme des
millions de filles de son âge. Elle s’imaginait faire des études, exercer un
beau métier, vivre une vie amoureuse avec un homme qui partagerait ses idéaux.
Mais ceux-ci seront brisés par des traditions qu’elle désapprouve. Prise dans
le piège d’un mariage forcé, épuisée par des manipulations diverses et
culpabilisantes, elle va de guerre lasse s’y soumettre, après une promesse
mensongère «?de pouvoir retourner au lycée et de passer son bac?». Elle ne
passera pas son bac. Au-delà d’un témoignage étayé à l’écriture brûlante,
Fatiha Saidi, avec ce livre, dresse un constat, celui de la persistance d’un
modèle archaïque qui a troqué sa phase de violence physique contre celle, plus
insidieuse, de la manipulation mentale.

Découvrez ce témoignage interpellant d'une jeune femme qui pensait pouvoir
poursuivre ses rêves d'indépendance malgré un mariage imposé au moyen de
manipulations.

EXTRAIT

Je n’arrive pas à m’adapter à cette vie conjugale. Les journées s’étirent au
gré des tâches ménagères et de la préparation des repas dont je m’acquitte
avec brio, car j’ai fréquenté, en la matière, l’université hors catégorie
dirigée par ma mère hyperactive, exigeante, rigoureuse et maniaque. Un grain
de poussière, un objet mal présenté sur une commode, un plat incorrectement
préparé sont autant d’échecs qui mènent au refus de la licence ès fée du
logis. Je ne tire aucune satisfaction de ce grade qui m’a fait accéder à une
vie en noir et blanc, contrairement à Amar qui ne semble nullement incommodé
par mes états d’âme et mon refus, pourtant clairement affiché, de lui concéder
une quelconque part d’intimité ou de sentiment amoureux. Mes journées sont
noires, et mes nuits blanches, lorsqu’elles tombent, me font glisser dans le
lit en espérant qu’Amar dorme et qu’il me laissera en paix. Parfois, je feins
de dormir pour éviter ses assauts, mais il n’hésite pas à s’emparer de mon
corps, qui lui appartient en toute légalité. Alors, pour écourter le supplice,
je me laisse faire et m’abandonne à ses envies. En finir, et vite.
Dans cette descente aux enfers, j’attends avec impatience la journée du samedi
où je retrouve ma famille, et surtout ma petite sœur et mon amie Martine à qui
je confie mon mal-être et ma tristesse. Elles sont impuissantes face à ma
situation, mais leur oreille bienveillante me permet d’alléger le contenu du
fardeau qui s’alourdit, rempli de mille et une meurtrissures, tracas,
relations sexuelles — ou plutôt viols permanents… Nous rendons aussi visite
aux cousins d’Amar qui sont, comme leurs épouses, bien aimables, mais nous
n’avons pas grand-chose à nous dire ou à partager hormis quelques banalités.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fatiha Saidi titulaire d’un Master en psychopédagogie, occupe depuis de
nombreuses années des fonctions sociales et politiques. De 1999 à 2018, elle a
été Députée, Sénatrice, membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe et Adjointe au Maire. Féministe et engagée, elle s’investit sans
relâche dans les thématiques liées à l’égalité, aux droits humains et au
devoir de mémoire.
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