La famille normande, Mobilité et frustrations sociales au siècle des Lumières
EAN13
9782753569539
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
Collection
Histoire
Langue
français

La famille normande

Mobilité et frustrations sociales au siècle des Lumières

Presses universitaires de Rennes

Histoire

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La Normandie était autrefois le pays de la préférence masculine, d’une autre
façon sans doute que la Provence, où l’on tenait l’absence d’héritier mâle
pour une grande infortune, mais avec la même netteté et la même persévérance.
Au prix de menus ajustements, les piliers de la domination masculine restèrent
bien en place pendant tout l’Ancien Régime. Les droits du sang valaient
cependant à tous les garçons d’avoir une part égale dans le patrimoine
familial, sans distinction de rang de naissance. L’égalité trouvait donc à
s‘incarner. Cela finit par jouer en faveur des filles, lorsque vint l’heure du
rejet des traditions et qu’une puissante aspiration égalitaire traversa tout
le royaume, en 1791. Même à ce moment toutefois, les normands se rallièrent à
l’égalité successorale, par légalisme plutôt que dans un élan véritablement «
féministe ». Le principe de l’établissement des enfants hors de la maison des
parents, s’accompagnait d’intenses mouvements migratoires. De ces processus,
la localité ici scrutée, Argences, dans la plaine de Caen, témoigne plus que
d’autres localités, en raison de son « attractivité », pour partie économique,
pour partie fiscale. La population fit en effet plus que doubler en moins d’un
siècle. Le résultat ne fut toutefois pas à la hauteur des espérances. Les
difficultés d’accès aux ressources, la concurrence et l’égalitarisme
accentuèrent les contrastes. L’écart se creusa entre les plus riches et les
plus pauvres. Argences agit alors comme un miroir grossissant, qui dévoile les
ressorts autrement peu visibles d’un siècle considéré de manière souvent trop
uniforme. Le XVIIIe siècle a été pour certains un siècle de progrès, mais
aussi pour le plus grand nombre, un siècle de déceptions et d’amertume.
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