Apollinaire et Cie
EAN13
9782757426623
Éditeur
Presses Universitaires du Septentrion
Date de publication
Collection
Objet
Langue
français

Apollinaire et Cie

Presses Universitaires du Septentrion

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Guillaume Apollinaire naît l’année même où meurt Flaubert et rédigera ses
premiers écrits le regard tourné vers le dix-neuvième siècle. Pourtant l’image
qu’on retient de lui est celle d’un être de la rupture, d’un innovateur peu
enclin aux compromis.Il existe cependant un autre Apollinaire : non pas le
poète d’Alcools ou de Calligrammes, ni même le pornographe occasionnel à
l’abri de ses initiales, mais le conteur de L’Hérésiarque & Cie (1910), dont
l’esthétique puise pour l’essentiel dans l’œuvre aujourd’hui trop peu connue
de Marcel Schwob, qui contient elle-même une lecture savante des contes de
Flaubert et de Maupassant. Le premier geste de l’hérétique n’est-il pas de
revenir aux sources en proposant des Écritures une interprétation jusqu’alors
inédite, voire irrecevable ou simplement scandaleuse ? Sous cette prose en
apparence lisse, les excréments sont étalés au grand jour, les pires
obscénités déferlent sur nous. Cependant, il n’est rien d’étonnant à ce que ce
registre affleure dès lors que la langue se souvient - digestivement, s’entend
: car lire déjà c’était dévorer, l’auteur se nourrissant des mots d’autrui.
Avec Le Poète assassiné, son second recueil, nous découvrons une langue
toujours hérissée de gros mots, en laquelle grondent des borborygmes, au
milieu d’irrévérencieux lâchages de vents. La machine à conter fonctionne à
présent à vide, Apollinaire ne faisant en somme que réécrire son précédent
volume, en le délestant il est vrai des allusions à autrui : l’auteur
apollinarise. Car un auteur ne vient jamais seul : c’en sont toujours deux,
trois qui se pressent à la fois, se bousculent, se frayent un passage. On
cherchera donc aussi à suivre Apollinaire dans la compagnie d’auteurs qui loin
de l’avoir précédé lui sont résolument contemporains : tel Blaise Cendrars qui
n’ayant cessé d’agir en rival viendra curieusement, en dépit des allégations
mensongères et des prises de bec répétées, à son tour s’alimenter aux contes
de L’Hérésiarque, pour, dans une ultime reprise, réussir leur effacement.
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