Le silence du mal - roman - In silence, roman
EAN13
9782280218818
ISBN
978-2-280-21881-8
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Mira
Poids
432 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

Le silence du mal - roman - In silence

roman

De

Harlequin

Mira

Indisponible

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1.?>Cypress Springs, LouisianeMercredi 5 mars 2003 – 14 h 30
Avery Chauvin s'arrêta devant l'entrée de chez Rauche, la mercerie, et descendit de son véhicule de location. Une brise chargée d'humidité joua sur sa nuque et dans ses cheveux noirs coupés court, tandis qu'elle inspectait Main Street, la rue principale de la ville. Rauche était toujours à l'angle de Main Street et de la 1re Rue, la façade du Café Azalée attendait désespérément une nouvelle couche de peinture, la Parish Bank n'avait pas encore été absorbée par une plus grosse société, et la place autour de laquelle ces magasins se réunissaient était toujours aussi ombragée et charmante, avec son belvédère d'un blanc étincelant.Rien n'avait changé, à Cypress Springs, pendant son absence. C'était comme si les douze années qu'elle avait passées à la Louisiana State University de Baton Rouge avaient été un rêve et sa vie à Washington D.C., un simple produit de son imagination.Si tel avait été le cas, sa mère aurait toujours été en vie ; elle n'aurait pas été victime de cette attaque qui l'avait terrassée par surprise. Quant à son père...La douleur s'abattit sur elle. Il lui sembla entendre la voix de Phillip Chauvin, légèrement déformée par le répondeur téléphonique.– Avery, mon cœur..., c'est papa. J'espérais que... J'ai besoin de te parler. J'espérais... Il y a quelque chose. Je... j'essaierai plus tard. Au revoir, ma poupée.Si seulement elle avait pris cet appel ! Si seulement elle s'était arrêtée, juste le temps qu'il fallait pour parler avec lui. Son article pouvait attendre ; le membre du Congrès qui avait finalement accepté de la recevoir pouvait attendre. Il lui suffisait d'accorder deux minutes à son père. Deux petites minutes qui auraient tout changé.Elle pensa à un autre appel téléphonique, reçu le lendemain matin. Bud Stevens, le chef de la police de Cypress Springs, un grand ami de la famille.– Avery, c'est Buddy. J'ai... j'ai de mauvaises nouvelles, ma douce. Ton papa... il est...Mort. Son père était mort. Entre le moment où il l'avait appelée et le lendemain matin, il s'était suicidé. Il s'était rendu dans son garage, s'était aspergé d'essence, puis avait craqué une allumette.Comment as-tu pu faire ça, papa ? Pourquoi ? Tu n'as même pas dit...Le bref hurlement d'une sirène coupa net le fil de ses pensées. Avery se tourna. Une voiture de patrouille de la police du comté de West Feliciana s'arrêta derrière sa Chevrolet Blazer. Un officier descendit du véhicule et marcha vers elle.Elle reconnut l'homme à sa silhouette tout en longueur, un rien dégingandée, à sa démarche et à son maintien : Matt Stevens, son grand amour des années de lycée, qu'elle avait laissé derrière elle pour courir après ses rêves journalistiques. Depuis, elle n'avait revu Matt qu'une poignée de fois, notamment aux funérailles de sa mère, un an plus tôt. Buddy avait dû l'avertir de son arrivée.Avery leva la main pour le saluer. Il était toujours séduisant, pensa-t-elle en le regardant approcher. Sans doute le plus beau parti de la ville. Sauf qu'il devait être pris, maintenant.Il s'arrêta devant elle, sans sourire.– Ça me fait plaisir de te rencontrer, Avery.Elle se vit dans les verres réfléchissants de ses lunettes. Toute petite, une allure d'elfe accentuée par sa coiffure de lutin et ses yeux noirs qui paraissaient trop grands pour son visage.– Moi aussi, Matt, répondit-elle.– Je suis désolé pour ton père. Je m'en veux, pour la façon dont c'est arrivé. Je m'en veux vraiment.– Merci. Je... je vous suis reconnaissante, à Buddy et à toi, de vous être occupés des...Les mots se bloquèrent dans sa gorge, mais elle poursuivit, décidée à tenir le coup.– ... restes de papa.– C'était le moins qu'on pouvait faire.Matt détourna un instant les yeux, puis regarda de nouveau la jeune femme.– Tu as pu joindre tes cousins, à Denver ?– Oui.Ces deux cousins éloignés représentaient toute la famille qu'il lui restait. Les autres étaient partis, à présent.– Moi aussi, je l'aimais, Avery. Je savais qu'il... luttait, depuis la mort de ta maman, mais je n'arrive toujours pas à croire qu'il ait fait une chose pareille. Je me dis que j'aurais dû voir à quel point il allait mal.Les larmes survinrent soudain, inondant les joues d'Avery. S'il y avait une coupable, dans l'histoire, c'était elle, sa fille : elle aurait dû voir, savoir.– Tu peux pleurer, tu sais, lui dit Matt. Ça te fera du bien.– Je... Il faut que j'organise un service religieux. Les Gallagher sont toujours...– Oui. Danny a pris la suite de son père. Il attend ton appel. Papa l'a averti de ton arrivée.Avery désigna la voiture de patrouille.– Tu es en dehors de ta juridiction.Les services du shérif avaient autorité sur toutes les zones situées hors de la ville, tandis que la police de Cypress Springs contrôlait la commune elle-même.Matt eut un léger sourire.– Je plaide coupable. Je traînais dans le coin en espérant te croiser avant que tu rentres chez toi.– Je me suis arrêtée pour...En fait, elle n'avait aucune raison de s'arrêter. Elle avait simplement obéi à un caprice.– Je vais t'accompagner, proposa Matt.– Je te remercie, mais ça n'est pas indispensable.– Tu te trompes. C'est pas beau à voir. Je pense que tu ne devrais pas y aller seule, la première fois. Je te suis en voiture. Que tu sois d'accord ou non.Avery soutint son regard un instant, puis hocha la tête et, sans un mot, remonta dans sa Blazer de location. Elle démarra et s'engagea dans Main Street.Alors qu'elle approchait du vieux quartier résidentiel où elle avait grandi, elle inspira profondément.Son père avait bien choisi l'heure de sa mort – le milieu de la nuit, pour que les voisins ne remarquent pas tout de suite les flammes. Il avait, apparemment, utilisé un bidon de gazole, un carburant qui ne dégage pas de vapeurs, contrairement à l'essence.C'était un voisin, sorti pour une séance de jogging matinale, qui avait découvert le garage encore fumant. Il avait d'abord voulu réveiller le père d'Avery, qu'il croyait au lit en train de dormir, puis il avait appelé les pompiers. On avait ensuite fait venir les experts en incendie de la police d'Etat. Puis le coroner, qui avait lui-même averti les services de police de Cypress Springs. Finalement, le père d'Avery avait été identifié grâce au fichier dentaire.Ni l'autopsie ni l'enquête des policiers de Cypress Springs n'avaient permis de penser à une mise en scène destinée à maquiller un meurtre. Et, d'ailleurs, rien ne permettait d'étayer l'idée d'un meurtre. Le Dr Phillip Chauvin était aimé et respecté de tous. La police avait officiellement conclu à un suicide.Sans un mot ? Sans un au revoir ?Comment as-tu pu faire une chose pareille, papa ? Et pourquoi ?Avery arriva au niveau de la maison de ses parents, et s'engagea dans l'allée. La pelouse avait besoin d'être tondue, les parterres de fleurs d'être désherbés, les buissons d'être taillés. Les azalées, enavance sur le calendrier, avaient commencé de fleurir. Bientôt, dans les plates-bandes bordant la maison, ce serait une débauche de roses, du plus pâle au plus profond.Phillip Chauvin aimait son jardin. Il avait passé d'innombrables week-ends à s'en occuper. A présent, il semblait abandonné. Menacé de toute part, sans personne pour le défendre.Avery fronça les sourcils. Depuis combien de temps son père ne s'était-il pas consacré à son cher jardin ? De toute évidence, cela remontait à bien avant sa mort.Une autre preuve du désespoir profond dans lequel il avait sombré. Comment avait-elle fait pour ne pas se rendre compte à quel point il était déprimé ? Pourquoi n'avait-elle pas senti que quelque chose ne tournait pas rond, lors de leurs fréquentes conversations téléphoniques ?Matt s'arrêta derrière elle. Elle prit une longue inspiration et descendit de sa voiture.– Tu te sens vraiment prête ? lui demanda-t-il.– J'ai le choix ?Ils connaissaient tous les deux la réponse, et ils suivirent l'allée en courbe, vers le garage, qui était indépendant de la maison.Alors qu'ils s'en approchaient, l'odeur de l'incendie se fit plus forte – pas seulement le bois brûlé, mais aussi, imagina Avery, les relents de la chair calcinée. Ils tournèrent au coin de l'allée, et la jeune femme vit qu'une grande marque noire i...
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