Le travail autonome

Introduction?>POURQUOI S'INTÉRESSER À L'AUTONOMIE ??>Alors que nous vivons dans un monde de plus en plus complexe, dans une société aux évolutions de plus en plus rapides, une société dite d'information dans laquelle document et information prennent une place importante, les individus ne peuvent plus penser leur vie comme une trajectoire linéaire, inscrite dans un mouvement continu, ils doivent se préparer à vivre différents changements, montrant des capacités d'adaptation et d'autonomie, tant dans leur vie personnelle que professionnelle.Le manque d'autonomie n'est-il pas en partie une des causes de tant de difficultés et d'échecs tant à l'école que plus tard socialement et professionnellement ?Favoriser l'autonomie apparaît ainsi, dès l'école, comme une condition essentielle au développement d'une attitude ouverte devant la vie : une attitude qui engage dans une dynamique, amenant à prendre son avenir en main, à le gérer de manière positive et responsable ; une attitude qui permette de tirer le meilleur de soi-même, en fonction de ses forces, de ses limites et de ses potentialités ; une attitude qui prépare à s'adapter à des situations diverses, pour s'intégrer au mieux dans le monde d'aujourd'hui et y apporter sa contribution pour préparer la société future.C'est tout l'enjeu de l'école, chargée non seulement de transmettre des savoirs constitués, notamment de participer à la transmission du patrimoine culturel, mais encore de contribuer au devenir de la société présente, dont elle est inévitablement dépendante. Dans cette perspective, le développement des capacités d'autonomie, le travail autonome, y trouvent tout naturellement leur place : au niveau individuel, avec l'objectif d'amener l'élève à se situer face aux exigences de son travail et de sa formation, et au niveau collectif, avec celui de l'inscrire dans une dynamique de groupe pour répondre à ses besoins d'émulation, de réalisation et/ou de création, et lui permettre de trouver sa place dans la société.D'une certaine manière, le travail autonome vient d'Amérique (du Nord) où s'est épanoui le modèle de l'independant study. Il procède aussi de l'influence de Carl Rogers1, par le souci de développer la relation d'aide : une certaine façon positive de comprendre la non-directivité et d'inciter l'adolescent à faire une expérience de soi à travers la relation de groupe.Nous ajouterons le mouvement personnaliste d'E. Mounier qui développe l'idée de la personne définie à la fois par sa volonté d'ouverture et de dialogue, par sa capacité d'affrontement et son caractère communautaire, les tenants de la pédagogie institutionnelle avec des auteurs comme Lobrot, Loureau, Vasquez et Oury, les réflexions critiques d'Ivan Illich sur l'école et, dans la période de remise en cause de l'après 1968, les thèses du courant autogestionnaire et d'auto-formation...L'AUTONOMIE COMME PRÉOCCUPATION D'ENSEIGNEMENT?>Du côté de l'enseignant, l'autonomie est posée comme un aboutissement, une finalité de l'éducation. Mais si elle apparaît, d'une manière générale, comme un objectif différé de l'éducation, avec ses valeurs propres (notamment des valeurs sociales), dans le contexte du travail autonome, elle devient un objectif immédiat (cf. Franc Morandi).Pour Philippe Meirieu, trois dimensions sont en jeu dans l'autonomie, qui engagent l'enseignant de manière extrêmement liée : « la définition d'un champ de compétences précises [pour l'éducateur], une option sur des valeurs que l'on cherche à promouvoir et une appréciation du niveau de développement de la personne »2 :– pour ce qui est des compétences, l'enseignant a un rôle spécifique à jouer en tant que spécialiste des apprentissages scolaires. Car si tout le monde est mis à contribution à ce niveau, c'est à lui qu'il revient d'amener les élèves à l'autonomie dans la gestion du travail scolaire : à s'organiser, acquérir des méthodes de travail efficaces, évaluer les résultats atteints, chercher les remédiations nécessaires... et au-delà, à développer des capacités d'autoformation, portées par une volonté de se former en permanence ;