Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Conseillé par (Le Pain des Rêves)
15 mars 2016

Maylis de Kerangal s'est intéressée au parcours d'un jeune cuisinier dont elle préserve l'anonymat en le prénommant Mauro. C'est une personne peu banale qui , étant titulaire d'un master de sciences économiques, choisit d'aller travailler dans les cuisines d'un grand restaurant, puis plus tard, de passer un CAP. Après avoir connu des cuisines de taille et d'inspiration diverses, à 24 ans, il ouvre son propre resto avec une cuisine de quatre mètres carrés. Un jour, il s'aperçoit qu'il est mort d'être trop resté cloîtré dans son repère de solitaire.
Comme dans ses précédents ouvrages, Maylis de Kerangal décrit avec une exacte précision les gestes du métier, les routines, la place des corps dans la brigade, l'obéissance au chef, la rigueur du travail, la précision des cuissons, l'apprentissage continuel au gré des produits trouvés au marché, l'inventivité, l'esclavage du métier et la violence de cette "cuisine que exige qu'on lui sacrifie tout, qu'on lui donne sa vie".
Ce que vit le client en salle est loin de ce que voit le cuisinier derrière la porte de sa cuisine. Maylis de Kerangal excelle à montrer ce qu'il y a au-delà des gestes et des postures, les exigences et les sacrifices qui se cachent derrière la gloire du chef.
Un récit talentueux d'une vie talentueuse.

16,00
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
9 mars 2016

Le récit d'une vie brisée. D'abord par l'inattention de sa mère trop occupée par ses nombreux garçons et par les tâches ménagères. Ensuite par les garçons de son collège qui ne la supportent pas et qui la brutalisent. Puis par un garçon qui la viole et par le silence de son frère aîné qui voit, sait et se tait. Enfin, par le silence de ses parents d'origine immigrée qui choisissent de garder le silence.
L'élève brillante part étudier à l'université pour s'éloigner de sa famille, puis travaille à Paris. Le jour où elle reçoit son diplôme universitaire, quelque chose se brise dans sa tête.
Elle se dissocie, devient hagarde, vit dans un autre monde pendant ses moments de délire. Et c'est l'hôpital psychiatrique, la camisole des médicaments. Elle a quarante-cinq ans quand ses parents la recueillent. Au mois d'août, dans une cité du Var, c'est à nouveau le silence, l'absence de ses frères, la timidité silencieuse de ses vieux parents qui ne savent pas comment se comporter avec elle, l'incompréhension, les médicaments qui la tiennent à supporter sa vie brisée, sa longue attente d'une parole réparatrice qui ne viendra pas.

Un roman noir, triste. Le récit est juste et ne laisse pas insensible. Il dégage une tristesse émouvante.

Conseillé par (Le Pain des Rêves)
1 mars 2016

Addictif, hélas..

Une satire féroce !
Patrick Rambaud n'épargne aucun homme politique en vue. Bien sûr, François le Petit est le plus visé, mais aussi la marquise de Pompatweet, le comte Macron, le duc Valls, Mlle de Montretout, le père Philippot, l'archidiacre Wauquiez, l'abbé Buisson, l'archiduchesse Ségolène, la duchesse honoraire de Cayenne et même mademoiselle Julie...
Si on a lu les six livres -ou seulement un- qui racontent le mandat du Bouillant Leader, on sait de quoi est capable Patrick Rambaud. Dans cet ouvrage, il se surpasse. On le sent très en colère, très remonté contre le président normal, son premier ministre impuissant, les stratégies de cour, les petites et grandes bassesses, les courtisans, les affaires de cœur, le peuple toujours plus mécontent, et la crise qui s'aggrave chaque jour...
On rit de tout cela, bien sûr, et en même temps, on trouve cela triste. On est désolé que cela se passe ainsi et totalement addict... À en espérer un prochain opus.

Éditions Les Liens qui libèrent

Conseillé par (Le Pain des Rêves)
28 février 2016

Dans cet essai incisif et revigorant, Eloi Laurent décrypte des mythologies économiques qui polluent le débat public et endorment le bon peuple quand il ne se va pas chercher au-delà des discours.
"La fonction d'un mythe, c'est d'évacuer le réel" a écrit Roland Barthes. L'ouvrage nous y ramène, nous ouvrent les yeux, nous fait sortir du rêve.
Bienvenue dans la vie réelle, la vraie vie !

Un roman de pirates

Le Rouergue

21,80
Conseillé par (Le Pain des Rêves)
10 février 2016

Un roman pour s'en aller loin...

Sylvain Pattieu a écrit un roman de pirates, un vrai avec des voiliers, dont un navire marchand, des capitaines impitoyables, des marins hommes d'honneur, des prêtres harangueurs, des esclaves dignes, des prisonnières qui se prostituent, une femme déguisée en homme à la tête d'une troupe de soldats. Les pirates sont des abolitionnistes, des démocrates, des justiciers, même s'ils sont cruels, débauchés, sanguinaires...
Dans cet épais roman, il n'y a pas de dialogues, il y a des digressions et des anachronismes qui font rentrer le réel dans l'histoire, il y a des sermons, des complots, et à quelques reprises, un délicat hommage à sa mère disparue.
Son roman est plein de tempêtes, de scènes de la vie maritimes, d'abordages et de batailles au sabre, de canonnades, de tout ce qui constitue un roman de pirates. Il est aussi une réflexion sur la dignité de l'homme, la liberté, la justice, la mort, la religion, la fraternité, sur l'utopie d'une démocratie à l'écart du monde, sur une île.
À la fin du livre, une playlist imposante de tous les livres qui ont nourri son inspiration et des remerciements à ceux qui l'ont accompagné.

Un roman qui embarque sans donner le mal de mer, une histoire qui vous emportera loin.