Julien D.

Roman

Calmann-Lévy

21,50
Conseillé par (Fontaine Luberon)
3 octobre 2015

La zone d’intérêt pour Marin Amis résonne dans la tête de ses protagonistes comme une zone de non intérêt justement. Pour les gardiens du camp, c'est un travail comme les autres, certes parfois pénible mais qu'il faut exécuter pour s'attirer les faveurs de la hiérarchie. Les à-côté sont rares et il est bon parfois de conter fleurette à la femme du commandant par exemple ou discuter conquête féminine avec ses collègues...
Martin Amis exerce un tour de force : donner à voir toute la banalité du mal tel qu'Hannah Arendt a tenté de l'expliciter dans sa pensée. Tout l'horreur est concentrée là. Basée sur une documentation étoffée, Martin Amis n'apporte pas plus de réponse au pourquoi, ne montre finalement que très peu le comment mais parvient à faire de son lecteur un spectateur d'un huis-clos plus que terrible, dans une banalité de surface.
Dérangeant certes mais un tour de force littéraire étonnant!

Le pouvoir exécutif en France, XIXe-XXIe siècles

Gallimard

Conseillé par (Fontaine Luberon)
3 octobre 2015

Nicolas Roussellier dirige d'une main de maître une analyse historique de fond du régime républicain, parlementaire et finalement présidentialiste, et démontre sans une hésitation que ce colosse qu'est devenu l'exécutif aujourd'hui a en fait des mains d'argile à l’inefficacité redoutable. Le constat est sans appel : un exécutif juridiquement surarmé mais politiquement faible, un président surinvesti par les attentes populaires mais privé des moyens d'y répondre. L'auteur en appelle alors au retour d'un exécutif puissant. Son constat est d'autant plus sévère qu'il s 'appuie sur une analyse historique sans faille.

À deux ans des prochaines présidentielles, il serait bon que quelques politiques prennent le temps de lire au moins un essai de Rousselier, de Rosanvallon ou de Hennequin. Tout citoyen
serait également bien avisé de les lire, mettant leurs préceptes en
applications dans les conversations entre amis, dans ses rapports avec ses enfants. Car finalement, c'est à l'individu et au citoyen qu'il incombe la responsabilité des princes qu'il met au pouvoir.

Conseillé par (Fontaine Luberon)
3 octobre 2015

Machiavel, pédagogue du XXIe siècle

Jean-Baptiste Hennequin revisite Machiavel pour le compte de son fils, futur citoyen, clé de voûte justement trop souvent oubliée par un exécutif en crise. Le résultat est là : un essai des plus vif, des plus pédagogue aussi et sûrement le plus léger de cette rentrée. Constamment dans l'humour distancié, les dix chapitres forment un programme pédagogique ciblé pour survivre et grandir dans nos sociétés modernes proches par certains traits de celles du XVIe siècle . Certes Jean-Baptiste Hennequin manie le second degré façon poil à gratter mais ce petit essai remet au goût du jour un Prince dépoussiéré.
A conseiller à tout parent frileux et tout autant attentif au monde contemporain!

Conseillé par (Fontaine Luberon)
3 octobre 2015

A Sienne, en Toscane, une fresque d'Ambrogio Lorenzetti recouvre trois pans de murs de la salle municipale illustrant les effets du bon et du mauvais gouvernement sur la population, la figure de la sagesse surplombant l'ensemble.

Qu'est ce qu'un bon gouvernement ? Comment redéfinir la démocratie et réenchanter le rapport gouvernés-gouvernants ? Quelle place et quel rôle
pour le citoyen en devenir dans nos sociétés contemporaines occidentales ?

Rosanvallon tente de mettre en place une théorie démocratique de l'action
gouvernementale, dont le pivot central serait une nouvelle éthique politique et un nouveau rapport gouvernant-gouvernés. L'auteur invite donc son lecteur à

un parcours revivifiant et finalement optimiste, car porteur d'espoir. Bref
Rosanvallon y croit encore et ça nous fait du bien. Il poursuit de main de maître sa réflexion débutée dans La société des égaux et Le parlement des
invisibles, tous deux publiés au Seuil.

Conseillé par (Fontaine Luberon)
3 octobre 2015

Trois voix tissent cette superbe fresque sur les premiers contacts entre Amérindiens et nouveaux colons français. Les germes de la destruction d'une civilisation prennent racines. La trame du récit forme un motif d'une rare subtilité où violence et beauté poétique s'entremêlent. Encore une fois Joseph Boyden démontre toute la force narrative et réflexive dont il est capable. Un roman magnifique donc, dont les échos ne sont pas si lointains...