22,00
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30 avril 2014

Jessica Speight, jeune anthropologue, effectuera un voyage marquant en Afrique, avant d’être astreinte à ne plus quitter Londres pour y élever seule son bébé d’or pur, Anna, dont les déficiences mentales n’altèreront jamais la douce humeur.
C’est une de ses amies, maintenant âgée, qui raconte la vie que Jess a menée, des années 60 à nos jours, veillant à concilier au mieux l’amour et l’attention constante qu’elle portait à Anna, son travail et ses propres relations, masculines en particulier. Son récit est émaillé de considérations diverses sur la psychiatrie ou les arts, car toutes ces jeunes femmes appartenaient à un milieu intellectuel, plus ou moins fortuné (plutôt moins en ce qui concerne Jess).
La narratrice porte sur ce duo mère-fille un regard tendre, empathique mais aussi nostalgique : à travers leur histoire, ce sont les décennies écoulées qu’elle évoque et tous les changements de société que le passage du temps a produits.

« Un bébé d’or pur » est un roman intelligent, sensible et attachant. La trame du récit, ses fréquents allers et retours du présent au passé, reflètent de belle manière les mouvements que font les vagues de souvenirs dans la mémoire de la narratrice.
J’ai cependant nourri à l’encontre de ce livre des attentes qui ne lui correspondaient pas : en gros, je me figurais qu’il y aurait une histoire en bonne et due forme, avec son lot de tournants imprévus, bref qu’il se passerait quelque chose, une fois le cadre et les personnages posés. Il m’a fallu parvenir à plus de la moitié pour comprendre que, non, rien d’extraordinaire n’allait arriver, la vie de Jess et d’Anna continuerait à s’écouler tranquillement, avec ses incidents ou petits événements quotidiens, pas de péripéties à la John Irving. Ceci constaté et après avoir accusé un petit coup de mou, j’ai poursuivi ma lecture mais mon intérêt n’a pas été constant.

Un roman dont j’ai apprécié le ton et le fond mais dont le rythme était, sur la durée, trop paisible pour moi, si bien que je m’y suis par moments ennuyée.

Une enquête de l'inspecteur-chef Armand Gamache

5

Actes Sud

23,50
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26 avril 2014

À Three Pines, petit village des Cantons de l’est du Québec, le meurtre n’est pas quelque chose de nouveau !
Il n’empêche que la découverte du corps d’un inconnu dans le bistrot d’Olivier jette un froid parmi les habitants. Qui est cet homme ? Pourquoi a-t-il été assassiné et a-t-il atterri chez Olivier ? Celui-ci est-il ou non impliqué dans le crime ?
Autant de questions que va devoir résoudre l’inspecteur-chef Armand Gamache, chef de la Sûreté du Québec, accompagné de sa fidèle équipe.

C’est avec le quatrième récit d’une de leurs enquêtes que j’ai fait la connaissance de l’inspecteur Gamache et ses acolytes, à nouveau chargés d’élucider une affaire ayant pour théâtre le village québécois de Three Pines, mais cela ne m’a pas gênée car l’histoire est indépendante des précédentes.
« Révélation brutale » est un polar de facture classique (Gamache a la cinquantaine et une petite moustache à la Hercule Poirot), au cours duquel des enquêteurs tâchent de trouver un coupable en fourrant bien évidemment leur nez dans les vies d’un peu tout le monde, à commencer par celle d’Olivier. Si le lecteur s’intéresse à la résolution de l’affaire (au point de s’avérer éventuellement un peu déçu, cela a été mon cas, par le dénouement … qui surprend parce qu’il n’y a pas la surprise attendue ! Mais on est sans doute plus proche du vraisemblable, j’en conviens et n’en dirai pas plus), il éprouve aussi un grand plaisir à déambuler dans Three Pines et à s’inviter chez certains de ses habitants.
Il faut dire que les descriptions du village, à l’orée de l’automne, niché dans son écrin de verdure, nous donneraient envie d’acheter direct un billet d’avion en direction des terres québécoises, afin de goûter cette atmosphère de quiétude (OK, si on oublie le meurtre !) dans un paysage bucolique et hors du temps. Pourtant, la modernité est bien là, on l’appréciera au travers d’une ancienne demeure glauque relookée en auberge de luxe (avec spa) et aussi d’une magnifique maison toute en baies vitrées.
Mais ces maisons ne représentent rien sans leurs habitants. Parmi eux, Olivier est celui qui retiendra le plus notre attention, lui qui jouit de l’indéfectible soutien de son partenaire, Gabri. Tous deux font partie des piliers d’une bourgade qui s’accommode sans difficulté d’une poétesse un peu folle, accompagnée de son canard qui la suit partout. En escortant l’inspecteur Gamache, le lecteur approchera toute une galerie de personnages, parmi lesquels un couple de deux autres artistes, une famille d’origine tchèque, pour ne citer qu’eux, liés ou non au crime mais dont les parcours (voire les difficultés de différents ordres), sont dignes d’intérêt.

Même si je trouve le personnage de Gamache un peu trop sérieux et lisse, « Révélation brutale » a été un agréable moment de lecture, qui m’a fait voyager au Canada et aussi au pays des œuvres d’art, dont il est beaucoup question dans ce roman policier.

Christian Bourgois

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9 avril 2014

Avec « La réalité », on a l’impression d’embarquer dans un film d’action de série B à l’humour (noir) appuyé, qui refuse de se prendre au sérieux (l’autodérision est manifeste y compris dans le discours que le roman tient sur lui-même), pourtant il tire tous azimuts et met régulièrement dans le mille : ses cibles, notamment les médias avec leur art consommé de la manipulation ou encore ceux, policiers et politiques, qui tentent de gérer la crise, en ressortent criblées d’impacts.
Autant dire que je ne me suis pas ennuyée à suivre ce récit rythmé, diablement satirique et où tout dérape allègrement. Il reste que je suis restée à l’extérieur, si bien que cette réalité donnée à voir ne m’a pas plus interpellée que cela. La faute, peut-être, à l’absence de personnages auxquels s’intéresser vraiment (vous aurez remarqué que je n’en ai cité aucun), tant du côté des terroristes que de celui des acteurs du jeu : non qu’ils n’existent pas, mais ce sont des pantins dans une construction fictive et affichée comme telle.

« La réalité » s’avère, au final, un roman-démonstration percutant, même s’il n’expose rien que nous ne connaissions déjà. Mais il l’illustre avec un talent certain !

tome 1

Urban comics

17,00
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9 avril 2014

Le moins qu’on puisse dire avec le premier tome de cette série, c’est qu’elle est … surprenante ! On y croise des créatures hors du commun, à commencer par nos héros, dont vous aurez noté en regardant la couverture de l’album les caractéristiques, représentatives de leurs peuples respectifs : l’une a des ailes et l’autre de superbes cornes. Il y aura aussi une chasseuse de primes mi- femme mi- araignée, un chat mensonge, sans parler d’enfants zombies pas beaux à voir et j’en passe car l’imagination des auteurs est sans limites. La palme revient pour moi aux robots dotés de corps humains (très sensuels, on s’en rend compte dans la scène de sexe qui permet de les découvrir), mais d’une tête en forme d’écran de télévision oblong. Là, je dois reconnaître que j’ai eu un petit blocage et l’impression de déraper dans du grand n’importe quoi, mêlant qui plus est allègrement les codes du space opera et ceux de la fantasy, car on se bat à coups de lasers mais aussi d’épées magiques.

Dans un tel contexte, l’histoire se focalise pourtant sur un couple tout ce qu’il y a de plus « normal », en s’ouvrant sur une rapide scène d’accouchement ponctuée de quelques réflexions d’Alana pas piquées des vers et qui donnent le ton : entre ces deux amants-là, pas de langue de bois ! La suite, pour ce qui les concerne, sera au diapason. Le lecteur partagera leurs aventures extraordinaires mais leurs préoccupations et leurs échanges au quotidien ne le dépayseront pas, au contraire il s’y reconnaître, voire en sourira, car même dans les circonstances dramatiques, nos deux tourtereaux ne se départissent pas d’un certain humour (tout comme leur fille, laquelle est en réalité la narratrice de l’histoire et intervient à l’occasion en glissant ses commentaires en voix off). A ces deux principaux protagonistes s’en ajoutent beaucoup d’autres, certains eux aussi présentés de manière déjà suffisamment fine (le Prince Robot, Le Testament, par exemple) pour que l’univers évoqué offre une dimension psychologique intéressante, en croisant les parcours individuels au sein d’une trame géopolitique qui s’annonce dense.

Récit d’aventures SFFF (SF, Fantastique et Fantasy) trépidant, au graphisme plaisant, « Saga » est une BD adulte résolument originale, qui s’amuse aussi à parsemer la narration de réflexions diverses, sur l’éducation, la non-violence, le racisme, pour ne citer qu’elles.
Je suis curieuse de lire le tome suivant de la série, pour lui laisser le temps de prendre ses marques et d’achever de me convaincre.

Christian Bourgois

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22 mars 2014

Je lis pour la première fois Christa Wolf (1929 – 2011), auteur allemand que je connaissais seulement de nom et qui bénéficie d’une grande renommée dans son pays. « August » est un récit très court, l’équivalent d’une nouvelle mais j’ai été impressionnée par la capacité de l’écrivain à installer des personnages et des atmosphères en si peu de temps. L’évocation du château-sanatorium rappelle la difficulté des conditions de vie de l’après-guerre et à quel point la tuberculose était alors un mal répandu. Lilo, jeune fille vive et tournée vers les autres, apparaît au premier plan, vue par les yeux d’August, un petit garçon trop tôt livré à lui-même et qui s’attache fortement à elle. August n’est pas un personnage extraordinaire et peu de choses seront capables de lui apporter de la joie, tout au long de sa vie d’homme simple que l’auteur évoque en quelques traits avec justesse et sensibilité.
A ce portrait subtil, la postface rédigée par le mari de Christa Wolf (dont on notera au passage l’extraordinaire relation qu’il entretint avec elle, soixante ans durant, puisqu’il était son premier lecteur et critique) apporte un éclairage précieux, en précisant qu’August a réellement existé et croisé, tout jeune, la route de la jeune fille qu’elle était. Il lui écrivit ensuite, à plusieurs reprises. Ce livre lui rend un bel hommage, ainsi qu’à tous ceux qui ont, comme lui, tracé leur modeste chemin dans une existence commencée sous de tragiques auspices.
Un texte qui m’a donné grande envie de poursuivre ma découverte de Christa Wolf.