Marianne K.

21,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
14 janvier 2020

Effondrement et renouveau

Profondément marquée par la lecture de Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Seuil, 2015) – elle parle elle-même de « claque » et de « deuil » ̶ Antoinette Rychner a ressenti le besoin de s’emparer du sujet du « collapse », de réagir, par les moyens qu’elle connaissait, c’est-à-dire l’écriture ! Autrice suisse de pièces de théâtre et d’un premier roman, elle renoue avec la forme romanesque pour transformer une matière brute, scientifique, et en tirer un réel texte littéraire, particulièrement bien construit et à l’écriture ciselée, reserrée et poignante !
En 2049, il ne reste plus grand-chose de la société telle que nous la connaissons. L’effondrement de 2023 a tout ravagé : un cyclone détruit la côte ouest des États-Unis, le système financier américain fait faillite, entraînant dans sa chute le reste du monde, il n’y a plus de sources d’énergies, plus de communications, les catastrophes climatiques et les épidémies s’enchaînent… Dans ce contexte, qui relève davantage de l’anticipation que de la science-fiction, nous rencontrons Barbara et Delphine, deux amies qui tentent de conserver une trace des événements, une mémoire d’abord écrite sur des feuillets, puis scandée, racontée, « un chant pour se souvenir ». Elles ont perdu beaucoup et cherchent un endroit pour s’établir et « redémarrer »… Les personnages féminins qu’elles croisent sont nombreux, et bientôt, se sont ces femmes qui racontent leur existence. Mais comment reconstruire ? Comment vivre de nouveau ensemble quand la violence et la bêtise humaine s’infiltrent partout ? Il est question d’entraide, d’agriculture, d’organisation sociale, de médecine, de justice, de politique et surtout de ces récits qui nous aident à survivre et qui nous survivent, pour les générations futures !
Roman de l’effondrement et du renouveau, Après le monde est un texte percutant, à la fois sensible et violent, qui laisse plus que songeur : et nous, que ferions-nous si ça arrivait ? Incontournable !

Le harcèlement de rue et les violence font partie du quotidien des femmes, ce jour là, j'ai dit non

L'Iconoclaste

18,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
14 janvier 2020

La fin du silence

« Le silence est une immense violence », tels ont été les mots d’Adèle Haenel lors de son témoignage sur les violences qu’elle a subies adolescente. C’est après une agression et pour lutter contre ce silence qui empoisonne que Marie Laguerre a décidé de parler, puis d'écrire !
Alors qu’elle rentre chez elle, dans le quartier de Belleville à Paris, elle croise un homme qui l’interpelle par un bruit de succion, lasse d’être importunée quotidiennement, elle répond cette fois un « ta gueule ». L’homme s’énerve, lui jette un cendrier et la frappe au visage. La vidéo de cette agression, filmée par la caméra de surveillance d’un café, est devenue virale sur le net. Après le mouvement #metoo, la parole et l’écoute se libèrent. Marie décide de porter plainte et de témoigner, de s’investir pour lutter contre le harcèlement sexuel et la violence dont les femmes sont victimes dans les espaces publics (en France, 58 % des femmes de 20 à 24 ans estiment avoir subi des violences dans l’espace public au cours de l’année) ! Après des interviews, des conférences et un procès, Marie Laguerre se lance dans l’écriture d’un livre, avec l’aide de Laurène Daycard. Dans cet ouvrage, elle raconte l’agression et ses conséquences, mais aussi son parcours. Un parcours qui, comme celui de toutes les petites filles, est semé de ce qu’on appelle le « sexisme ordinaire » : prendre le moins de place possible, faire le moins de bruit possible, être polie, discrète, jolie… Dès l’école, on apprend que « le masculin l’emporte sur le féminin », cela peut paraître anodin, mais Marie Laguerre prouve qu’il est nécessaire de déloger le sexisme partout où il s’infiltre, que c’est le seul moyen de lutter contre les violences sexistes ! Ce témoignage, accompagné du manifeste publié initialement en ligne, est également assorti d’un « manuel de la rébellion » absolument fantastique ! Celui-ci vise à faire des femmes des « rebelles averties », et des hommes des « alliés ». Il y est question des stratégies d’évitement, de posture et de gestuelle à adopter, de conseils si l’on veut passer à l’action ou si l’on a été victime d’agression ; des façons de repérer le sexisme et la violence au sein du couple, au travail, à l’école ou sur les réseaux sociaux... Cet ouvrage devrait être conseillé à toutes les femmes, mais aussi à tous les hommes. Pour une prise de conscience salutaire, pour changer les comportements, pour une justice transparente, pour une éradication des violences sexistes… Il est grand temps !

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
14 janvier 2020

Femme invisible

Dans L’été où je suis devenue vieille, Isabelle de Courtivron évoque une prise de conscience : des changements physiques s’opèrent en elle, elle n’est plus aussi souple, sa vue n’est plus aussi perçante, sa marche plus aussi rapide… Elle qui a toujours été une femme forte, libre et indépendante, la voici qui constate une fragilité nouvelle, une sorte d’usure. Le constat est glaçant : elle est sur la pente descendante de la vie ! Cet état de fait s’accompagne surtout d’une invisibilisation de la femme dans la société. Quand le vieillissement des hommes se teinte de respectabilité et de sagesse, on préférerait que celui des femmes se fasse discrètement, qu’elles sortent simplement de la circulation… D’après les magazines, la femme âgée se doit d’être élégante et soignée, d’« avoir de beaux restes », d’être « encore séduisante ». Dans une société où l’image et l’apparence sont d’une importance absolue, une société qui juge négativement celles qui ne se soumettent pas aux diktats de la féminité, il ne fait pas bon vieillir ! Avec une franchise admirable et un sens de la formule réjouissant, Isabelle de Courtivron raconte son histoire, ses engagements, féministes notamment, son parcours et les choix qu’elle assume aujourd’hui sans remords. Elle parsème son témoignage de nombreuses références ; elle, qui a beaucoup lu, s’est cherché des guides en littérature, pour l’aider à traverser cette nouvelle étape : Colette, Benoîte Groulte, Susan Sontag, ou encore Doris Lessing, autant de références émancipatrices et inspirantes !

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
13 janvier 2020

La sorcellerie en héritage

Isabelle Sorente n’a pas choisi d’écrire sur les sorcières, ce sujet s’est imposé à elle ! Dans un rêve d’abord, puis, au fur et à mesure des recherches et des découvertes, par la fascination qu’il a exercé sur elle. Relatant ses lectures sur le sujet (les lecteurs et lectrices ayant envie d’aller plus loin trouveront là de belles références), la narratrice/autrice déconstruit les clichés liés aux sorcières, aux chasses dont elles ont été les victimes durant des siècles ; elle raconte les tortures, les mauvais traitements, mais aussi l’impact de ces événements sur le psychisme des femmes aujourd’hui, sur la construction des identités, sur le sexisme et les violences faites aux femmes à l’heure actuelle ! Ce livre est un magnifique récit sur un sujet passionnant, mais c’est aussi une incursion dans l’atelier d’écriture d’une écrivaine féministe, une plongée dans l’univers d’une femme qui découvre l’influence du passé sur sa propre vie !

18,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
13 janvier 2020

Le poids d'un clic

Partant du constat de la « retail apocalypse » ̶ entendez par là la vague de fermetures d’un grand nombre de magasins aux États-Unis – et de celui de la vacance commerciale qui mine de nombreux centres-villes, Vincent Chabault, sociologue et professeur à l’Université de Paris et à Sciences Po, se penche sur la situation des magasins physiques à l’heure actuelle. Ni constat amer, ni traité pratique à l’usage des commerçants, ce livre examine avec attention la place des commerces dans nos existences : le contact humain, le plaisir d’acheter et d’offir, la fréquantation de lieux où l’on se sent bien, chercher la bonne affaire… Les raisons sont diverses, tout comme les lieux : de la foire aux vins, aux librairies indépendantes, en passant par les marchés ou encore les grands magasins de luxe, Vincent Chabault prouve la diversité et le dynamisme persistant du commerce en France. Un ouvrage bienvenu pour lutter contre « l’Amazonisation » !