Ajouter à mon calendrier
Le , La chouette librairie

Tristan Saule est l'auteur d'un de nos plus gros coups de cœur de cette année, l'excellent "Mathilde ne dit rien" publié en janvier 2021 aux éditions Le Quartanier. Curieusement, on ne trouve pas beaucoup d'informations sur lui... jusqu'au moment où on découvre que c'est un pseudo. En fait, derrière ce nom se cache un auteur déjà reconnu ("Les agents", "Suréquipée", "Les lois du ciel"...) et surtout un collègue : Grégoire Courtois, libraire à Auxerre et membre du groupement Initiales dont nous faisons tous les deux partie.
C'est donc une double invitation à laquelle nous vous convions, puisque nous aurons l'occasion de discuter avec lui de son travail d'écrivain mais aussi de sa vision de la librairie indépendante. En attendant, nous vous encourageons vivement à faire un bout de chemin en compagnie de Mathilde !

Notre chronique pour le Magazine Initiales n°13 :

Il y a des personnages qui vous hantent longtemps, qui vous marquent durablement ; des personnages tellement vrais, tellement forts, que vous avez l’impression de quitter un ou une ami.e en refermant le livre. Mathilde est de ceux-là.
Elle ne dit rien, peut-être, pas grand-chose en tout cas, et pourtant sa présence vous sera vite indispensable. Autant qu’aux personnes qui l’entourent : Mathilde est travailleuse sociale, elle passe ses journées à assister les plus démuni.e.s avec leurs dossiers de demande d’aides. Elle est souvent la dernière chance, et autour de la Place Carrée, tout le monde l’a bien compris : au boulot ou après le boulot, on peut compter sur elle.

Alors quand il se retrouve menacé d’expulsion, Mathilde aide aussi son voisin, endetté jusqu’au cou après la réalisation d’une terrasse chez un particulier sans scrupule qui refuse de le payer. Pas d’autre solution que d’employer la manière forte. Mais la petite routine du quotidien, qu’elle avait eu tant de mal à mettre en place, vacille au fur et à mesure que l’engrenage néfaste se met en branle. Des broutilles, d’abord, un bête oubli dont les conséquences seront inattendues et irréversibles, une mauvaise rencontre au marché, et puis viendra le temps des trahisons.

Mais surtout, il y aura les souvenirs. Sa vie d’avant, raison de son mutisme, de son abnégation. Quand on ne peut plus vivre pour soi-même, il faut vivre pour les autres. Rester debout quoiqu’il en coûte, compter les minutes (huit, précisément, toujours par tranche de huit minutes) et s’assurer qu’on est toujours vivant.e. Parce qu’on peut être mort.e sans le savoir encore…
Tristan Saule excelle sur tous les plans : de la narration à l’intrigue, des personnages à l’atmosphère, tout est maîtrisé à la perfection. Derrière les façades des HLM, des bureaux, des pavillons de banlieue, il met en scène ses personnages avec une formidable empathie et un sens critique aiguisé.

La bonne nouvelle ? Mathilde ne dit rien n’est que le premier volet de ces « Chroniques de la Place Carrée » !