Eric R.

Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
18 mars 2021

Enigmatique

Si vous retirez la jaquette de la BD, vous vous confrontez à un mur en couverture. Comment ne pas mieux résumer ce texte écrit par Herman Melville et publié en 1853? Ce mur c’est celui qu’a devant sa fenêtre occultée, Bartleby, jeune scribe embauché chez un notaire New-yorkais. Ce mur c’est surtout le refus qu’il adresse à son employeur lorsque celui-ci lui demande autre chose que des copies d’acte. « Je ne préfèrerais pas », ou « j’aimerais mieux pas », « I would prefer not to », telle est sa justification donnée à son attitude. Une explication tellement plus complexe qu’un simple « non » ou « je refuse », tellement difficile que nombre de traducteurs se sont confrontés sur sa conversion en français.

Bartleby, par son attitude devient lui même une brique, une pièce de ce mur, qui enraye la machine. Comme son employeur, il désarçonne le lecteur et ouvre la porte à de multiples explications ou exégèses fournies par Deleuze ou Foucault et annonçant l’univers de Kafka. Daniel Pennac avait remis récemment ce texte à l’honneur par une lecture sur scène, puis en en faisant le fil conducteur de son livre consacré à la mémoire de son frère (1).

Si on en fait une lecture politique, on voit dans ce refus, non motivé une critique du système capitaliste en train de naître, son productivisme, ses taches répétitives, son aliénation, sa subordination aux possédants. Si on en fait une lecture psychologique on peut y voir une forme de résistance passive à l’autorité, au conformisme, bien plus efficace par son inertie qu’un refus violent et explicité. D’autres y voient encore une forme de dérision, surréaliste, voire comique d’un être inexistant.

Ainsi ce récit, qui n’a pas vraiment de début, n’a pas non plus de fin, a pour caractère essentiel de plonger le lecteur dans un vide sidéral, une forme de perplexité qui l’oblige à penser par lui même et à trouver seul la suite d’une nouvelle que l’on peut qualifier aussi de fable …. sans morale écrite, imposée ou suggérée.

Le défi de traduire ce récit majeur de la littérature mondiale était énorme. Le dessinateur espagnol José-Luis Munuera le relève avec une virtuosité étonnante. Il parvient à donner un visage, un corps, une expression corporelle à Bartleby, véritable spectre dont la matérialité semble parfois douteuse. Les épaules basses, les bras ballants, le regard absent, suffisent à traduire physiquement la célèbre phrase. Bartleby ne revendique pas, ne crie pas, ne se met pas en colère mais le dessin de l’auteur le transforme plutôt en personnage désespéré, vide, sourd au monde extérieur, désemparé, fragile.
Ce texte qui pourrait se dérouler à huis-clos, dans l’officine, comme dans un théâtre, Munuera, le fait respirer par de magnifiques scènes de rue dans ce Wall-Street des années 1850. Les décors réalistes baignés dans des tons ocres ou sépia reconstituent la vie new-yorkaise, ses bourgeois avec chapeau melon, redingote, se promenant au milieu d’une foule populaire, active. Lorsque la neige fait son apparition la fin est proche, celle de l’histoire, du personnage principal peut-être mais les questions demeurent. Blanc comme neige ou noir comme l’ombre d’un mur?

Eric

Les Arènes

28,00
Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
12 mars 2021

VIBRANT ET EMOUVANT

« Dessiner encore », dessiner encore. Il y’a du Bernard Lavilliers dans cette injonction, comme dans celle qu’il chante à l’égard des sidérurgistes menacés de chômage. « Travailler encore », « Dessiner encore », travailler, dessiner, agir, s’occuper, faire ce que l’on sait faire, ce pour quoi on est né: pour ne pas sombrer, couler, être submergé par la vague du chômage ou de la mort. Comme Catherine Meurisse notamment, sortie de l’horreur par la quête de la beauté , Coco ne peut s’extraire du traumatisme subi que par ses crayons. C’est justement le crayon de Boucq qui nous avait envoyé la dernière image de la dessinatrice dans le remarquable ouvrage « Janvier 2015. Le procès » (1). Il avait saisi Coco refaisant, à l’audience du 8 septembre 2020, ses gestes du 7 janvier 2015, cette mise à genoux, mains sur la tête, tête penchée vers le sol. Alors il fallait revivre cette journée, recommencer, redire, et même redessiner ces moments où tout bascule à jamais. Devant le tribunal, comme dans cet ouvrage. Raconter le départ précipité de la rédaction pour aller à la crèche, revoir ces deux ombres, deux linceuls noirs qui vous menacent, refaire ce code qui va ouvrir la porte du journal aux silhouettes noires armées, pour enfin pouvoir extraire ce traumatisme indicible lorsque « la mort est là. Tout près ».
Quand Riss ou Philippe Lançon firent appel aux mots, Coco, après Luz et Catherine Meurisse, appose à ces phrases, des dessins, des couleurs sur la feuille blanche pour raconter.
Il y’a les dessins narratifs, ceux qui disent l’histoire des attentats, leur origine, les procédures judiciaires, les lâchetés d’une partie du monde médiatique, journalistique, politique. Coco, de son statut d’abord de pigiste, puis de membre de la rédaction, pose son regard d’incompréhension sur ces « Oui. Mais… », ces accusations « d’ajouter de l’huile sur le feu », comme si il y’avait des moments pour la liberté, parfois, souvent, mais pas tout le temps. Elle se dessine alors avec des yeux ronds, surpris, figés devant ce qu’elle ne peut comprendre.

En bonne chroniqueuse, on revit avec elle le 11 janvier, la création du numéro « des survivants » mais on la suit encore avec plus de passion lorsqu’elle exprime son mal être, sa souffrance, se détachant de l’histoire du journal et de la relation des évènements, pour se raconter elle.

« Je me lève 7, je vis 7, je mange 7, je dors … pas ».

Pour beaucoup, le dessin de Coco est un dessin de crobard, ces croquis rapidement saisis qui racontent en quelques traits brefs, sommaires, mais efficaces l’humour, l’actualité et surtout les dixièmes de seconde essentiels de la vie. Avec « Dessiner encore », on découvre l’immense talent de la dessinatrice, sa capacité à mettre des dessins sur des états d’âme, à multiplier les techniques de mise en page pour dire et montrer. Le dessin permet d’utiliser la métaphore et c’est lui qui nous fait nous envoler avec Coco sur un bel oiseau, tenter de s’accrocher à ses ailes, se tenir debout sur son dos, avant de chuter. Plus tard, comme dans les cases d’un échiquier mortel, aux carrés rouges et noirs, on imagine toutes les situations, à l’entrée de la salle de rédaction, le 7 janvier: « Et si je », « Et si ». Autant de cases comme autant de possibilités de jouer entre la vie et la mort. Mais un jeu inutile car les jeux sont faits. Les Kalachnikov sont plus fortes que les tours ou les rois. Les dessins sont sombres mais jamais opaques, jamais totalement noirs. C’est l’obscurité plutôt qui domine, celle qui trace des méandres, des fils de soie, sous nos paupières quand nous fermons les yeux.

Puisque il faut bien continuer à vivre et tenter « d’aller chercher le trauma », de l’extraire, la couleur se révèle nécessaire. Elle prend presque toujours la lumière de la campagne, du vert des arbres en fleurs, de l’ocre de l’automne, de la nature derrière les carreaux d’une fenêtre omniprésente, ouverture vers l’extérieur, vers le monde du dehors. La couleur comme symbole de ce qu’un spécialiste appelle un « endroit refuge », un endroit protecteur, quand la souffrance devient trop grande. Et puis il y’a le bleu, le bleu de la couverture, le bleu de la pochette qui contient les documents d’aide aux victimes, le bleu comme une bulle de vie dans le marron de la souffrance. Et le bleu de la mer, celle que Coco dessine comme la vague d’Hokusai, porteuse de colliers de perles d’eau, blanches, étincelantes. C’est une vague qui flue et reflue, qui enfonce, engloutit et relève, redresse la dessinatrice brinquebalée au fil de ses états d’âme. Mais l’eau porte, supporte nos corps au dessus des ombres des linceuls noirs qui coulent inexorablement vers le néant. Il faut bien vivre.

Voyage autour du monde fait dans les années 1740 à 1744 par george anson, commandant en chef d'une escadre envoyée par sa majesté britannique dans la mer du sud

Futuropolis

29,00
Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
3 mars 2021

L'aventure c'est l'aventure

Quatre ans, c’est le délai de réalisation de cette BD monumentale. Quatre ans c’est la durée de l’histoire racontée tout au long des 272 pages comme si les auteurs, déjà remarqués par le magnifique « Martha Jane Cannary » avaient voulu coller leurs basques, jour par jour au périple de leur héros, le Commodore Anson. Nous sommes en 1740, alors que les puissances du monde sont en guerre, le Commodore se voit confier une escadre de huit navires et de deux mille hommes par le roi d’Angleterre George II. Sa mission est multiple: harceler, capturer, piller, occuper, rançonner du Cap Horn en passant par le Cap de Bonne Espérance, avec une attention particulière pour les côtes d’Amérique du Sud, où l’Espagne et Pizzaro occupent déjà une place de choix. Son navire s’appelle le Centurion, ses hommes, Saunders, Eliot, Brett mais aussi le lieutenant Philip Saumarez qui tint un journal de bord quotidien retrouvé en 1970 et le jeune Richard Walter auteur du Tour du Monde paru en 1748 qui connut un succès littéraire énorme.

C’est qu’elle provoqua l’imagination cette expédition hors normes qui s’acheva dans les rues de Londres où furent acclamés les 188 marins rescapés. Trois siècles plus tard, elle nous subjugue toujours et la réussite des auteurs est de ne pas limiter cette histoire à de simples faits d’armes mais aussi d’en raconter la dimension humaine. Bien entendu tous les ingrédients du genre sont présents et racontés avec une précision documentaire indéniable: poursuites sous le vent, abordages, pillages, sont peints avec réalisme et l’on sent le souffle des boulets déchirer les haubans ou percer les toiles des voiles. Comme des caméras placées à la surface de l’eau, l‘écume de la mer laisse percer la silhouette de magnifiques navires dont on comprend au fil des pages le fonctionnement et la beauté. Il y’a du « Master and Commander » dans la BD. Comme dans le film de Peter Weir, le Commodore Anson, que l’on peut imaginer sous les traits de Russel Crowe, n’est pas qu’un simple exécutant aux ordres du Roi. Au fil des pages, des incidents, des accidents, se dessine le portrait d’un homme militaire, certes, mais empreint d’un humanisme réel, soucieux de la hiérarchie mais aussi des conditions de vie de ses marins.

Elles sont terribles ces conditions, pour des hommes parfois enrôlés de force, parfois inaptes à la navigation avant même d’embarquer sur les quais de Portsmouth. On descend dans les cales où l’on meurt de blessures, de mitrailles et surtout de scorbut, cette maladie due aux carences en vitamine, qui ne provoqua aucune enquête sanitaire pour le futur, au retour de survivants. Aux dessins contemporains, qui peuvent troubler certains lecteurs habitués à la ligne claire, s’ajoutent dans des pages magnifiques, des reproductions détaillées et retravaillées de cartes anciennes de l’ouvrage paru en 1748 de Richard Walter. On se croirait ainsi dans un cours de géographie, de botanique, de naturalisme de l’époque.

La fin de l’album nous révèle que cette expédition, glorieuse, encensée, fut aussi vite oubliée que vécue, absorbée par d’autres conflits. Il fallut à Anson quatre ans pour réaliser ce tour du Monde. Yannick Bestaven vient de clôturer le sien en 80 jours, 3 heures et 44 minutes, mais le navigateur rochelais n’eut pas à attaquer des navires anglais, à dresser le dessin de rivages encore peu connus, à piller la douane de Payta ou à chercher à se ravitailler à Macao en terre de Chine. Heureusement pour lui. Malheureusement pour le Commodore et ses hommes.

Eric

Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
1 mars 2021

Eclairant.

C’est un rectangle blanc. En toile. Berthe Morisot y dépose des touches de peinture, du vert, de l’ocre, du jaune. Apparait peu à peu sous les traces des brosses la silhouette d’un homme, fin, raide, guindé dans sa redingote noire. Elle peint Eugène Manet, son mari depuis quelques mois, le frère du célèbre peintre Edouard. Il est à l’image de l’homme de cette fin de siècle, grand bourgeois, corseté dans un rôle de mari reproducteur, géniteur de la descendance. Le sommeil à la maison, le plaisir dans les bordels. On appelle cela la pudeur.

C’est un rectangle blanc. Une feuille de papier. Mika Biermann y dépose des mots, des mots de couleur, des mots de chaleur, des mots d’ombre et de lumière. C’est l’été, le jeune couple quitte Paris en train pour se rendre à la campagne dans une maison familiale. C’est le moment de quitter les habits de la ville et de laisser la parole voler dans la moiteur estivale. Mots et couleurs se mélangent.

Et puis il y’a Nine, petite et jeune villageoise délurée, libre comme l’air, battue par son père, indépendante et fière, celle dont tous les hommes du village rêvent, y compris le curé dans sa soutane usée. Berthe aimerait bien peindre la sauvageonne, elle est belle, tellement belle sans corset, sans chapeau, sans ruban autour du cou, ce ruban qui fait parfois penser à un collier, à une prison. Alors l’aventure de la peinture, du mystère des touches qui tracent des courbes mais montrent aussi la peau, des pinceaux qui frôlent la toile mais caressent également la courbure d’une épaule, ouvre à Berthe des nouvelles perspectives, de nouvelles expérimentations.
Les nuits, et le noir qui n’est pas noir mais « un savant mélange de bleu, de vert, et de rouge » vont libérer l’imagination de Berthe. A Paris, modèle de celui qui n’était pas encore son beau frère, Berthe est passée de l’autre côté du chevalet. Là, à l’étage, dans la chambre aux fenêtres grandes ouvertes, elle va passer de l’autre côté de la vie. Celui du Plaisir, cet enfant d’Eros et de Psyché.

Aux « petites virgules de peinture », se mêlent les mots de Mika Biermann. Le style magnifique de précision, de poésie de l’auteur avait déjà subjugué le lecteur dans « Trois jours dans la vie de Paul Cezanne ». Il récidive ici faisant d’un simple voyage en train, un moment de poésie pure, d’une baignade dans une rivière, un tableau de Courbet, d’un ciel tourmenté par les nuages un tableau de Corot. Aux touches légères, transparentes de Berthe Morisot, il ajoute la volatilité de ses mots, aux couleurs d’été.

Dans « Berthe Morisot au bouquet de violettes » Edgar Manet peint sa belle soeur figée, vêtue de noir, bourgeoise. Dans son récit l’auteur lui enlève son chapeau, lui dénoue ses cheveux pour les faire couler, telle l’eau d’une fontaine, sur ses épaules nues. Deux images pour une femme d’exception que révèle, plus qu’une longue biographie, un récit magnifique.

Eric

La naissance de l'humanité

1

Albin Michel

22,90
Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
8 février 2021

Indispensable

Pourquoi, un rhinocéros habillé d’un scaphandre n’a t’il pas pu se rendre sur la lune en 1969? Rien ne prédisposait en effet un descendant d’un modeste chimpanzé, animal parmi tant d’autres espèces parfois plus douées, à devenir ce Sapiens si inventif, capable de demeurer, exemple unique, la seule espèce de Homo, après l’extinction de toutes les autres. Pour répondre à cette question il faut faire fonctionner notre petit cerveau, qui se réduit en taille et en volume depuis Neandertal, et revenir aux origines de l’humanité. Yuval Noah Harari dans l’ouvrage « Sapiens. Une brève histoire de l’humanité » paru en 2015 avait posé en perspective la naissance de l’homme et d’une certaine manière l’avait remis à sa juste place, beaucoup plus modeste, que celle communément admise. D’une densité très forte, on achevait l’ouvrage avec un sentiment d’insatisfaction tant on regrettait de ne pouvoir tout emmagasiner dans notre modeste intelligence. Aussi quand a été annoncée l’adaptation Bd, l’espoir est nait d’une révision possible du texte de l’historien israélien et pour ceux qui n’avaient pas eu ce bonheur originel, d’une joie de la découverte d’un texte majeur.

Une image s’impose depuis notre enfance: celle de l’évolution d’un chimpanzé, de profil, qui se redresse progressivement en avançant pour devenir un Homme sur deux jambes. Une progression linéaire, un progrès de l’état « sauvage » à celui de civilisé. Une erreur manifeste, un mensonge. Un autre dessin suffit à montrer la vérité: de face co-existent différentes espèces humaines qui s’ignorent ou se mélangent, jusqu’à ce que Sapiens soit le seul survivant et que cette fameuse « révolution cognitive » , ces « mutations génétiques accidentelles qui ont modifié le câblage interne de notre cerveau » permettent à Sapiens de « penser d’une manière inédite ». Homo va alors se distinguer des autres animaux et, en un temps record, se porter au sommet, seul, de l’écosystème. Capacité à s’organiser et à mutualiser, invention de mythes et d’histoires, création de religions, importance du pouvoir du feu, la BD avec une fluidité exceptionnelle raconte ce processus de domination rapide d’Homo sur son environnement.

Expliquer simplement des processus complexes sans tomber dans la vulgarisation excessive ou la bouillie scientifique simplificatrice avait été le challenge réussi de Harari. Challenge prolongé de manière éclatante avec la BD qui sans presque rien abandonner du récit initial le complète, le modifie (le Big Bang date de 14 milliards d’années dans l’essai et de 13,5 milliards d’années dans la BD !) mais surtout en facilite la lecture en apportant un plaisir supplémentaire: l’humour.

De nombreuses trouvailles graphiques, comme la référence à des tableaux notables de l’histoire de l’art, ou dans la manière de conduire le récit avec des rencontres gentiment folles dingues de spécialistes inventés, dignes parfois du capitaine Haddock ou de la Castafiore, rendent cet apprentissage de la connaissance, jouissif et ludique. Clins d’oeil aux Comics, au cinéma, jalonnent la lecture.
Intelligemment la Bd pose les questions existentielles, remettant en cause des théories comme le créationisme, et nous interroge sur les mondes fictifs que nous nous sommes créés pour justifier nos existences. Du chimpanzé au fourrageur puis au chasseur cueilleur l’Homme s’est redressé mais va perdre peu à peu son savoir faire en devenant un sédentaire agriculteur. Le deuxième tome se profile.

Il a fallu onze mois pour réaliser ce premier épisode. Trois autres sont attendus pour un total de 1000 pages. Autant dire qu’il va falloir patienter une éternité à l’échelle de nos vies. Mais à l’échelle de l’humanité …..

Eric