DANS SON PROPRE ROLE ete 2015

Fanny Chiarello

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par (Le Bateau Livre)
    12 janvier 2015

    Coup de coeur littérature française

    Jeannette est veuve de guerre, et si elle ne renonce pas volontairement à la vie, c'est par peur de ne pouvoir retrouver son mari "là-haut". Femme de ménage au Grand Hôtel de Brighton, ses journées sont rythmées par les va-et-vient des clients et par les commérages de ses collègues - quoiqu'il arrive, aucune émotion positive ne peut traverser sa cuirasse, sous laquelle elle protège le souvenir d'Andrew. Pourtant un soir à l'opéra, quelque chose vibre en elle. Elle décide alors d'écrire une lettre à la cantatrice, qu'elle juge à même de comprendre sa douleur.

    Fennella n'est pas veuve, mais la guerre lui a pris son lot également : l'homme qu'elle aimait, sa place de camériste, sa voix et surtout l'estime d'elle-même. Domestique à Wannock Manor depuis plusieurs années, l'arrivée par erreur d'un courrier adressé à une célèbre cantatrice va attiser sa curiosité, d'autant qu'elle même collectionne les illustrés sur l'opéra. Et quand enfin la lettre tombe entre ses mains, elle n'a plus de doute : cette femme, Jeannette, et elle, sont prédestinées à se rencontrer.

    L'extrême mélancolie et la profonde solitude dont sont victimes les deux femmes sont dépeintes avec une incroyable justesse par Fanny Chiarello, qui signe un texte bouleversant sur la nécessité de se libérer du passé afin de vivre, malgré tout. Âmes sensibles, ne pas s'abstenir.


  • Conseillé par
    2 février 2015

    Angleterre 1947. Fennella est engagée comme domestique au Wannock Manor. Dans cette demeure aristocratique, son mutisme étonne d'abord mais elle communique en écrivant sur un carnet. Il aura fallu la guerre et un traumatisme pour que sa voix se taise. A quelques kilomètres de là, Jeanette est femme de chambre au Grand Hôtel de Brighton. Le guerre lui a pris son mari et depuis sa rage ne s'est pas éteinte. Toutes les deux ont une passion pour l'opéra.

    Jeanette a écrit une lettre où elle exprime tout son admiration à Kathleen Ferrier mais le courrier arrivé par mégarde au Wannock Manor. Fennella y voit un signe et décide de rencontrer Jeanette. Elle se rend à Brighton pour une semaine avec l'espoir de devenir l'amie de Jeanette. Selon elle, l'amour de l'opéra ne pourra que les rapprocher. Mais Jeanette ne comprend pas comment les gens après ces années du guerre peuvent à nouveau vivre. Sa douleur de jeune veuve est une colère sans fin qui l'anime alors que Fennella a connu un amour platonique. Si toutes les deux sont rongées par la solitude, Jeanette refuse de prendre la main que Fennella lui tend. Et pourtant, ces quelques jours vont modifier leur avenir. Dans un pays qui cherche à se reconstruire et qui veut désormais croire à des lendemains meilleurs, elles vont s'émanciper séparément à leur façon.
    Rien n'est figé, il suffit quelquefois d'une rencontre et alors l'étincelle jaillit, on peut regarder vers l'avenir sans peur et déployer ses ailes.

    Après un début un peu lent, on s'installe dans ce roman porté par l'écriture musicale, aérienne et sensible de Fanny Chiarello. Une lecture qui nous interroge sur les choix de vie, les rencontres qui permettent de donner de l'élan et de renverser l'ordre établi.